Pari foot à Kinshasa : Dépravation des mœurs ou alternative en matière d’emploi ?

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Par Kerene Omondo
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ACTU NGOLO TV

À Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo, les paris foot particulièrement, connaissent depuis un certain temps un essor rapide. Constituent-ils une forme de divertissement, une source potentielle de revenus ou carrément une nouvelle manière de dépravation des mœurs?

Il est avéré que la RDC n’est pas une bonne élève en matière d’emplois. Les chiffres du chômage sont excessifs et jusque-là le gouvernement n’en trouve toujours pas des solutions durables à ce sujet.

Ce qui n’empêche de s’interroger. Les paris foot représentent-ils une vraie alternative pour l’emploi, à Kinshasa, singulièrement ? Touchant plus de jeunes sans emploi, il n’est pas exclu que les paris sur les matchs de football, qui ont pris de l’ampleur à Kinshasa, soient une autre solution contre le chômage.

Toutes les semaines durant le déroulement des championnats ou autres compétitions de football à travers le monde, des jeunes et des adultes Kinois, parient sans vergogne sur tous les matchs.

Tout se passe à travers les points de vente physiques des différentes sociétés des paris foot qui sont à la pelle à Kinshasa, surtout dans les quartiers populaires, et dans les téléphones mobiles via Internet pour parier bien entendu en ligne.

En 2023, une étude a révélé que plus de 60 % des jeunes âgés de 18 à 35 ans parient régulièrement. Ce phénomène ne se limite pas aux grandes villes. Dans des zones rurales aussi, grâce à l’extension de l’internet mobile, les paris en ligne sont de plus en plus accessibles.

Dans un contexte de chômage élevé, où les jeunes peinent à trouver un emploi stable, les paris sportifs sont perçus par certains comme une solution rapide pour gagner de l’argent. En étudiant les performances des équipes et des joueurs, certains parieurs espèrent maximiser leurs chances de succès.

Par ailleurs, d’autres se sont même spécialisés dans les paris, devenant des consultants ou analystes pour d’autres parieurs, et gagnent de l’argent en offrant des conseils.

Qui plus est, un autre phénomène est né pour renforcer cette thèse. La création de groupes WhatsApp dédiés aux paris sportifs. Ces groupes, gérés par des administrateurs, regroupent plusieurs jeunes hommes et femmes, souvent en quête d’une source de revenus rapide. Les administrateurs y partagent des astuces, des conseils et des pronostics, souvent sur des matchs à venir. Les membres de ces groupes attendent des informations ou des paris à suivre, dans l’espoir d’obtenir un gain financier.

Cependant, s’exercer aux paris foot comporte des risques. Si certains parviennent à gagner de l’argent, d’autres se retrouvent rapidement pris dans un cycle de pertes. L’addiction aux paris devient un véritable problème.

L’espoir d’un gain rapide pousse de nombreux jeunes à parier de plus en plus, souvent au-delà de leurs moyens. Ceux qui perdent constamment sont souvent poussés à emprunter de l’argent, voire à se livrer à des actes répréhensibles pour tenter de récupérer leurs pertes. L’addiction au pari, exacerbée par la recherche de gains rapides, un fléau qui touche actuellement de nombreux jeunes Kinois.

Les groupes WhatsApp, bien que représentant une forme de solidarité entre parieurs, peuvent aussi accentuer cette dépendance, en rendant les jeunes encore plus vulnérables à la tentation de parier. Les pressions sociales, la concurrence et la quête de reconnaissance au sein de ces groupes peuvent pousser certains à prendre des risques considérables.

Des mesures pour encadrer les paris foot par les autorités…

Les autorités congolaises ont commencé à prendre des mesures pour encadrer les paris sportifs, avec des appels à une régulation plus stricte de cette industrie. Pourtant, les lois actuelles restent insuffisantes pour limiter les dangers que cette pratique peut engendrer.

En effet, Le pari sportif à Kinshasa est un phénomène complexe, à la fois porteur de nouvelles opportunités économiques et source de risques et dérives sociaux importants. D’une part, il peut servir de solution rapide pour ceux qui cherchent à gagner de l’argent, mais d’autre part, il entraîne de nombreux jeunes dans un cercle vicieux de dépendance et de dettes.

Pour ainsi dire, les paris foot ne constituent pas une alternative pour l’emploi, ni une source sûre pour gagner de l’argent. Loin d’être une solution durable pour assurer l’avenir, les paris foot doivent demeurer comme un moyen éphémère de distraction pour barrer la route à une dépendance improductive.

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