RDC – L’affaire Maître Palankoy : un avocat enlevé par le CNC, l’État de droit en péril

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ACTU NGOLO TV

Depuis plus de deux mois, Maître Médard Palankoy, avocat respecté et défenseur des libertés, est détenu dans des conditions obscures par le Conseil National de la Cyberdéfense (CNC), un organe rattaché à la Présidence de la République Démocratique du Congo. Son enlèvement, le 14 mars 2025, sans mandat judiciaire ni charges officielles, alarme défenseurs des droits humains et observateurs de la scène politique congolaise.

Une arrestation sans base légale

Ce jour-là, des agents du CNC sont intervenus sans autorisation judiciaire pour arrêter Maître Palankoy. Depuis, il est détenu dans un lieu inconnu, sans avoir été présenté à un juge, ni autorisé à voir un avocat ou ses proches. Une détention qui viole de plein fouet la Constitution congolaise (articles 17 et 18), mais aussi les traités internationaux signés par la RDC.

La Commission Congolaise des Droits Humains (CCDH), basée à Kinshasa, n’a pas tardé à réagir. Dans un communiqué du 14 mai, elle dénonce une pratique « digne d’un régime autoritaire » et appelle à la libération immédiate de l’avocat. Des ONG internationales comme Amnesty International et la FIDH ont rapidement relayé cet appel.

Le CNC : de la cybersécurité à la répression ?

Initialement créé en 2023 pour lutter contre la cybercriminalité, le CNC inquiète de plus en plus. Sous couvert de sécurité nationale, il serait devenu un outil de répression ciblée contre les voix dissidentes : militants, journalistes, opposants… et aujourd’hui, avocats.

Maître Palankoy s’était justement distingué par ses prises de position contre les dérives autoritaires de l’appareil sécuritaire. Pour de nombreux observateurs, son arrestation ne serait donc pas un hasard. « Le CNC n’a aucune compétence légale pour procéder à des arrestations. Son rôle est purement technique », rappelle un juriste contacté par notre rédaction.

Un climat de plus en plus tendu

L’adoption, en 2024, d’une loi controversée sur la cybersécurité a élargi les pouvoirs du CNC. Résultat : surveillances massives, blocages arbitraires de réseaux sociaux, et multiplication des cas de disparitions forcées. Un climat de peur qui contraste fortement avec les engagements démocratiques affichés par les autorités congolaises.

Ce que demandent les défenseurs des droits

Face à cette situation alarmante, la CCDH et ses partenaires réclament :

La libération immédiate de Maître Palankoy et sa comparution devant un juge indépendant.

Une réforme (ou dissolution) du CNC, afin de mettre fin à ses abus.

Une enquête internationale sur les violations des droits humains en RDC.

Pourquoi cette affaire nous concerne tous

L’enlèvement de Maître Palankoy n’est pas un cas isolé : il s’inscrit dans une tendance inquiétante de restriction des libertés en RDC. Alors que le pays prétend s’engager vers plus de démocratie, ce genre de pratiques ternit sérieusement son image sur la scène internationale.

Aujourd’hui, c’est un avocat. Demain, ce pourrait être un journaliste, un militant, ou n’importe quel citoyen qui ose élever la voix.

Il est temps que les institutions nationales et internationales agissent. Le silence, face à l’arbitraire, est toujours complice.

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