Rencontre Fayulu-Tshisekedi : signe de dialogue ou prolongement d’une crise annoncée ? (Analyste Politique RDC)

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ACTU NGOLO TV

La récente rencontre entre Martin Fayulu  et le Président #félix_tshisekedi a suscité de nombreuses réactions dans l’opinion publique congolaise. Si elle était attendue comme un possible signe d’apaisement, les signes et le langage déployés par Fayulu laissent penser que cette initiative pourrait bien conduire à une crise politique chronique, plutôt qu’à une ouverture démocratique durable.

Un langage de défi : “Je lui ai dit”

Le ton employé par Martin Fayulu à l’issue de l’entretien, notamment son insistance sur la formule « Je lui ai dit », révèle une posture de confrontation et de non-reconnaissance de l’autorité du Chef de l’État. Ce choix rhétorique, renforcé par une gestuelle de supériorité visible de certains membres de sa délégation, témoigne d’un refus symbolique de légitimer Félix Tshisekedi, pourtant réélu lors des élections de décembre 2023.

Plus grave encore, Fayulu a repris à son compte les éléments de langage issus des milieux religieux et critiques du pouvoir, notamment la déclaration de la #CENCO sur la nécessité d’une « union sacrée » pour sauver la patrie, qu’il applique à des acteurs qu’il qualifie d’agresseurs ayant dîné avec le diable, en référence aux anciens membres du régime ou aux alliés du pouvoir. Cette ligne radicale d’opposition alimente un climat de méfiance plutôt que d’ouverture.

1. L’ego de Fayulu et le rejet des élections de 2023

#MartinFayulu continue de contester les résultats officiels de la présidentielle de 2023, les qualifiant de fraude massive. En l’absence d’éléments nouveaux ou de stratégie alternative, ce rejet semble relever davantage de la posture personnelle et de l’ego politique que d’une réelle démarche démocratique. Or, dans une période aussi fragile pour la RDC, l’opposition constructive devrait primer sur le ressentiment personnel.

2. Un manque d’expérience dans la gestion de l’État

Fayulu n’a jamais exercé de responsabilités exécutives dans la gestion de l’État. Ce déficit d’expérience dans l’administration publique ou la résolution des conflits institutionnels est préoccupant à l’heure où la RDC fait face à des défis majeurs : insécurité persistante à l’Est, pressions économiques, attentes sociales. En ce sens, sa posture rigide pourrait davantage alimenter la crise que la résoudre.

3. Adolphe Muzito : une alternative crédible et expérimentée

Face à cela, Adolphe Muzito apparaît comme une figure plus équilibrée et apte à jouer un rôle de stabilisateur. Ancien Premier ministre, économiste averti et homme de consensus, #Adolphe_Muzito  bénéficie d’une expérience concrète de la gestion de l’État, de ses leviers, de ses failles, et de ses circuits politiques complexes.

4. Une histoire de gestion des crises : CNDP et PPTE

Muzito n’est pas étranger aux situations de tension : il a été un acteur clé lors de la désintégration du CNDP et a été associé à l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE, qui a permis à la RDC d’alléger une partie de sa dette extérieure. Cette connaissance technique et stratégique de la gouvernance publique manque cruellement chez Fayulu.

5. Une origine politique qui parle à toutes les générations

Issu du Palu d’Antoine Gizenga, Muzito comprend les mécaniques du régime Kabila, mais il a aussi su s’en détacher pour proposer une vision réformiste au sein de la plateforme #LAMUKA. Il fait le lien entre l’ancien système et les aspirations nouvelles, un pont politique essentiel dans un contexte où il faut à la fois rassurer les anciens réseaux de pouvoir et construire une nouvelle dynamique.

6. Une reconnaissance lucide du PR05 et un esprit d’ouverture

Muzito a reconnu la victoire du PR05 (Parti Réformateur pour le Progrès) tout en proposant des ajustements de programme. Cette attitude démontre une capacité à faire des compromis et à inscrire son action dans le réalisme politique, loin de l’idéalisme radical de Fayulu. Il peut ainsi contribuer à un gouvernement de cohabitation ou de large entente.

Pour rappel, Martin Fayulu est signataire d’un communiqué avec Kabila au-delà du fait que Kabila l’a corrompu pour faire passer André Kimbuta contre Adam Bombole du MLC, nous sommes ici en 2006.

Muzito présente donc un avantage et une indépendance d’esprit en dépit du fait d’avoir travaillé avec Kabila.
Il l’a quitté alors qu’il était le tout puissant

Conclusion

La rencontre entre Martin Fayulu et Félix Tshisekedi, plutôt qu’un pas vers la paix, semble avoir réaffirmé les lignes de fracture. Fayulu, campé dans une posture d’opposition idéologique et personnelle, pourrait entraîner la RDC dans une spirale d’instabilité.

À l’inverse, le profil d’Adolphe Muzito, plus technique, conciliant et expérimenté, apparaît comme une solution de sagesse. Son approche réaliste des rapports de force, sa connaissance des arcanes de l’État et sa capacité à naviguer entre anciens et nouveaux acteurs politiques font de lui un choix stratégique pour éviter une nouvelle crise politique.

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