Madagascar : Bras de fer institutionnel – le président Rajoelina dissout l’Assemblée nationale, laquelle vote aussitôt sa destitution

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Par Osée Ngolo LaPlume Engagée | ACTU NGOLO | +243834344477

C’est un véritable séisme politique qui secoue Madagascar. En l’espace de quelques heures, ce mardi 14 octobre, le pays a basculé dans une crise institutionnelle majeure. Alors que l’Assemblée nationale s’apprêtait à examiner une motion de destitution contre le président Andry Rajoelina, celui-ci a pris de court les députés en signant le décret n°2025-1051 portant dissolution de l’Assemblée nationale, publié sur la page officielle de la Présidence de la République.

Dans ce décret, le chef de l’État invoque l’article 60 de la Constitution, qui lui confère le pouvoir de dissoudre l’Assemblée, après consultation du Premier ministre et des présidents des deux chambres. Il précise également que, pour raison d’urgence, la mesure entre en vigueur immédiatement, dès sa diffusion par voie radiophonique et télévisée.

Mais cette décision présidentielle n’a pas calmé les tensions. Bien au contraire, elle a attisé la détermination des députés, réunis en session extraordinaire à Tsimbazaza. Ces derniers, contestant la validité du décret, ont poursuivi leurs travaux et procédé au vote de la destitution du président Andry Rajoelina, par 130 voix sur 161. Une majorité écrasante, qui traduit l’ampleur du malaise au sein de la classe politique malgache.

Une crise aux allures de bras de fer constitutionnel. Les députés estiment que la dissolution ne saurait suspendre une procédure de destitution déjà enclenchée, surtout pour “abandon de poste”, motif principal de la motion. Ils accusent le président d’avoir quitté le territoire national à plusieurs reprises sans déléguer ses fonctions, en violation de la Constitution.

De son côté, le camp présidentiel considère ce vote comme nul et non avenu, arguant que la dissolution met fin de facto au mandat parlementaire des députés. La présidence dénonce une “manœuvre illégale” et promet de saisir les instances compétentes pour faire respecter le décret.

Un vide institutionnel à haut risque. Cette double décision – dissolution de l’Assemblée et destitution du président – plonge Madagascar dans une situation inédite depuis le retour d’Andry Rajoelina au pouvoir. Les institutions risquent désormais de fonctionner en parallèle, chacune revendiquant la légitimité constitutionnelle.

Les observateurs redoutent une crise de gouvernance majeure dans les prochains jours, avec des risques de manifestations populaires et d’ingérence des forces armées, traditionnellement influentes dans les équilibres politiques malgaches.

Vers une médiation régionale ? Déjà, plusieurs chancelleries étrangères et organisations régionales, dont la SADC et l’Union africaine, appellent à la retenue et au dialogue institutionnel pour éviter une escalade.
Selon des sources diplomatiques à Antananarivo, des consultations urgentes seraient en cours pour tenter de rapprocher les positions des deux camps et éviter un nouveau cycle d’instabilité dans la Grande Île.

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